5 Novembre

Nov 5, 2018 | Claret avec toi

« jamais je ne me suis pas fâché avec personne ; j’essayais d’être bénigne avec tous. Je n’aimais pas rire, quoique, toujours je manifestais de la joie, douceur et bienveillance »
Aut 386

JOIE ET DOUCEUR DU CROYANT

Textes comme celui-ci peuvent nous donner l’impression d’un Claret ingénu, sans des valeurs à défendre ou critères qu’il fallait valoriser. Mais ce fut tout le contraire : dans sa prédication et dans ses livres il argumente de façon convaincante, mais sans la moindre trace d’agressivité. Il ne veut pas confondre, mais accompagner dans la recherche de la vérité ; il aime la suavité et la mansuétude évangélique. Lorsque dans la prédication veut fustiger certains vices, il le fait –d’après ses paroles- « comme celui qui cuit des escargots, qui les met à cuire dans la marmité avec de l’eau froide, et avec la fraicheur de l’eau ils sortent de leur coquille, et étant donné que l’eau se réchauffe au fur et à mesure et imperceptiblement jusqu’à bouillir, ils restent ainsi morts et cuits ; mais si quelqu’un impudent les jetaient dans la marmite en train de bouillir l’eau, ils se mettraient à l’intérieur de la coquille, et personne pourrait les sortir. C’est ainsi que je me conduisais envers les pécheurs de tout genre de vices et erreurs » (Aut 290).
Aujourd’hui nous sommes habitués à des débats télévisés ou journalistiques au cours desquels chacun essaie de déqualifier l’adversaire avec les arguments les plus tombants. On ne tend pas à la collaboration avec l’autre, mais à l’annulation de l’autre, là l’amour n’a pas d’espace. Seulement lorsqu’il y a de l’amour on transmet la vie. Le dialogue chrétien n’est pas pour vaincre personne mais pour grandir ensemble.
Il a existé toute une tradition ascétique du « non-rire » ; on rappelait que, selon les évangiles, « on n’a jamais vu Jésus rire mais plutôt pleurer quelques fois » (Aut 386), ceci le savent très bien ceux qui ont lu le roman d’Umberto Eco Le nom de la rose. Claret participa à ce courant ascétique, mais il lui mit un correctif ; dans sa vie était très présente la joie ; il souffrit beaucoup, mais il a eu des grandes joies intérieures. Le degré et profondeur de la joie ne se mesurent pas par la stridence du rire aux grands éclats, mais par la paix intérieure et la douceur.

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